09 mars 2022

La ruée sur les comprimés d’iode

La ruée sur les comprimés d’iode après l’invasion de l’Ukraine par la Russie a fait couler beaucoup d’encre.

La ruée sur les comprimés d’iode après l’invasion de l’Ukraine par la Russie a fait couler beaucoup d’encre. On en parlait beaucoup sur les réseaux sociaux, sur Twitter un sondage cherchait à savoir qui avait déjà été les chercher, sans parler des appels téléphoniques incessants au service de documentation de l’APB.

C’était dans l’actualité dès la fin février : Les pharmaciens ont signalé une hausse de la délivrance gratuite de comprimés d’iode. La dernière fois était en mars 2018, date à laquelle le gouvernement avait conseillé de retirer préventivement des comprimés d’iode auprès du pharmacien pour certains groupes cibles (habitants zone à risque nucléaire, enfants jusqu’à 18 ans dans tout le pays, femmes enceintes ou allaitantes et tous les responsables de crèches, d’écoles, etc.).

Magali Ki Birgit (1)

N’hésitez pas à poser vos questions

Magali Van Steenkiste, Pharmacienne-Experte chez APB reste zen dans ces circonstances : « Ces dernières semaines, nous avons reçu de nombreux appels téléphoniques de pharmaciens concernant la durée de conservation ou le dosage des comprimés d’iode. Un patient énervé a demandé si nous voulions que tous les plus de 40 ans meurent. Je lui ai répondu en lui expliquant que l’utilité des comprimés d’iode diminue à partir de 40 ans, tandis que le risque d’effets secondaires augmente fortement. Les pharmaciens sont en fait déjà bien informés grâce à leur formation de base, et ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’ils sont en contact avec des comprimés d’iode (ou d’iodure de potassium/KI). En mars 2018, et également en 2010-2011, une campagne publique a été organisé, qui est ensuite devenue très actuelle parce que l’accident nucléaire de Fukushima a eu lieu juste avant la campagne. »

Du sirop aux comprimés

Alors que les comprimés d’iode n’étaient auparavant recommandés qu’aux habitants situés dans un rayon de 20 km autour de la centrale nucléaire, on s’est rendu compte après Fukushima que l’ensemble de la population en bénéficierait, en particulier les jeunes jusqu’à 18 ans. Jusqu’alors, tous les pharmaciens devaient disposer de 500 grammes de KI dans leur pharmacie, afin de pouvoir en faire un sirop en cas d’urgence, que la population pouvait récupérer auprès d’eux. Heureusement, le gouvernement a vu l’illogisme de cette réglementation, car tout le monde devrait rester à l’intérieur en cas de rayonnement radioactif et certainement pas se rendre à la pharmacie. Le périmètre a ensuite été étendu à 100 km, soit l’ensemble du territoire. Dès lors, des comprimés ont été délivré à tout le monde, avec la recommandation qu’ils n’étaient utiles que pour certains groupes.  »

Durée de conservation

Birgit Knuts, Pharmacienne-Experte au Service de Contrôle des Médicaments (SCM) de l’APB : « De nombreux pharmaciens nous ont demandé quelle était la durée de conservation de ces comprimés, car la notice indique que les comprimés peuvent être utilisés pendant au moins 10 ans s’ils sont conservés correctement (en dessous de 30 °C). Alors que Sciensano analyse chaque année des comprimés KI provenant d’un stock stratégique, le but de notre étude de l’année passée était de tester des comprimés KI de 2010-2011 stockés chez les pharmaciens. La dissolution, le contenu et la qualité microbiologique des comprimés ont été analysé dans notre laboratoire. Sur la base de ces analyses, tous les échantillons testés étaient conformes. » Magali ajoute que la durée de conservation a donc été prolongée d’un an, jusqu’au 28 mai 2022. Cependant, le KI est une molécule très stable, et selon Magali, ils pourront encore être utilisés dans 10 ans.

Chiffres quotidiens 

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Délivrances comprimés d’iode des 2 dernières semaines
Source : FarmaFlux

La délivrance des comprimés d’iode bat chaque jour des records. Par exemple, FarmaFlux a noté que le 2 mars 2022, 57.740 boîtes ont été livrés à 52 192 patients et que le 4 mars 65.010 boîtes à 64.431 patients. FarmaFlux tient l’AFMPS et le Centre de crise informés des développements quotidiens.

Se sentir en sécurité

Magali : “En soi, c’est une bonne chose que la population s’approvisionne maintenant en cas d’un éventuel accident. L’iode radioactif qui serait alors libéré et qui est présent dans l’air sous forme d’aérosols, s’accumulera dans la glande thyroïde, de sorte que vous vous irradiez de l’intérieur. En saturant votre glande thyroïde d’iode stable, la radioactivité ne s’y déposera. Cependant, il est important de prendre ces comprimés au bon moment et non maintenant. Même s’ils ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan, ils peuvent aider les gens à se sentir en sécurité. Se couvrir avec un dérivé de l’iode (isobétadine), comme quelqu’un nous le proposait, ne protège absolument pas des radiations. Rester à l’intérieur reste le meilleur conseil, en plus de s’assurer qu’il y a autant de matériaux que possible entre vous et le monde extérieur. Le rayonnement radioactif perd de l’énergie lorsqu’il interagit avec la matière, de sorte que le rayonnement est réduit, et le fait de rester à l’intérieur protège également contre la contamination.

Plus d’informations :

Risque nucléaire (contient des informations pour les médecins, les pharmaciens et les citoyens)
Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN)
APB Flash (pour les pharmaciens)


Dernière mise à jour le 09/03/2022

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