10 novembre 2021

Médicaments imprimés en 3D sur mesure : encore un long chemin à parcourir…

L’impression 3D dans les pharmacies est un thème déjà abordé quelques fois dans nos blogs comme l’APB y travaille depuis plusieurs années en collaboration avec l’Université de Gand.

L’impression 3D dans les pharmacies est un thème déjà abordé quelques fois dans nos blogs comme l’APB y travaille depuis plusieurs années en collaboration avec l’Université de Gand. Magali Van Steenkiste, pharmacienne experte chez APB, Gitte Rottiers, postgraduée en recherche scientifique clinique à l’Université d’Anvers et Kobe Kerkhofs, stagiaire chez APB, nous font le point sur l’état actuel de la recherche et sur ce que l’avenir nous réserve.

Magali Gitte Kobe

Pour vous rafraîchir la mémoire, le schéma ci-dessous montre comment un comprimé 3D est imprimée à partir d’un dessin réalisé avec un logiciel de conception assistée par ordinateur (CAO).

3 D Printing 4 Stappen 373x200

Source : Gitte Rottiers, o.c. p 13

Historique

En 2020, l’APB a accompagné l’étudiante Jolien Op de beeck dans sa recherche de savoir si la technique de Fused deposition modeling (FDM) était adaptée pour imprimer des comprimés (printlets). Dans le FDM, le matériau à imprimer, appelé le filament, est chauffé et appliqué sur une plate-forme couche par couche via une extrudeuse. Jolien a constaté que les conditions de stockage et la qualité du filament influencent de façon importante les comprimés.

En septembre 2020, l’étudiante Gitte Rottiers a poursuivi cette recherche. Sa conclusion était que l’effet des paramètres environnementaux (température, humidité, etc.) varie en fonction du type de filament utilisé. Il s’est également avéré que l’uniformité du diamètre du filament influençait à la fois la masse et le contenu du comprimé.

Gitte : « J’ai également constaté que le fait de laisser refroidir la plate-forme avant de retirer le comprimé ne changeait que ses dimensions et non sa masse. Lorsque j’ai retiré un comprimé ‘chaud’ avec une pince à épiler, j’ai eu l’impression que la forme était légèrement écrasée. »

Validation nécessaire

L’objectif est de faire valider les résultats de Gitte par Kobe Kerkhofs, le nouveau stagiaire de l’APB. Kobe : « Nous avons l’idée de faire une étude de stabilité dans laquelle UGand fabriquerait un filament et déterminerait ses caractéristiques. J’utiliserais moi-même une partie de ce filament le lendemain, tandis que le reste serait stocké pendant 7 jours dans diverses conditions (four, dessiccateur, sous vide, …) et seulement ensuite imprimé. Nous ferions retester le filament de la même manière que le premier jour, afin de pouvoir déterminer l’influence de ces conditions de stockage. »

Avantages de l’impression 3D de médicaments

Gitte : « Un avantage important de l’impression 3D est que vous pouvez imprimer le médicament sur demande et l’adapter aux besoins spécifiques du patient. Cela s’applique non seulement au dosage, mais aussi à la couleur, au goût et à la forme – ce qui peut être utile pour faciliter la déglutition chez les enfants ou les personnes âgées. » En outre, les comprimés imprimés pourraient certainement jouer un rôle dans un plan de sevrage des benzodiazépines ou du Zolpidem, car la dose peut être réduite progressivement. Magali : « L’INAMI a récemment approuvé un budget pour le remboursement en 2022 d’un plan de sevrage des benzos via des préparations magistrales. À long terme, l’impression 3D pourrait être une alternative, comme c’est le cas pour le Valium, souvent utilisé comme il existe en doses de 2, 5 et 10 mg. Le Valium présente l’inconvénient majeur de rendre les gens somnolents toute la journée en raison de son effet prolongé. »

Obstacles

Un plan de sevrage des tablettes imprimées en 3D… nous n’y sommes pas encore. Magali : “Le matériau d’approvisionnement doit d’abord être incroyablement bien caractérisé et cela semble être l’un des principaux facteurs limitatifs pour le moment. Il est difficile de trouver le mélange parfait entre le médicament et le polymère, car le matériau doit être à la fois imprimable et soluble dans l’estomac. Les exigences de qualité ayant été trop peu étudiées, nous comparons actuellement nos résultats avec les exigences applicables aux comprimés et aux préparations magistrales. Une fois que nous aurons un matériel imprimable, la prochaine étape consistera à valider l’ensemble du processus afin que le pharmacien puisse imprimer selon un protocole. Nous devrons peut-être aussi nous pencher sur d’autres techniques d’impression 3D, car si nous n’avons pas un filament qui est dégradé dans l’estomac, nous ne sommes nulle part.”


A suivre.

 

Plus d’informations :

Gitte Rottiers, Innovative technologies for compounding in the community pharmacy. Master en développement de médicaments. Faculté des sciences pharmaceutiques. Louvain. Année académique 2020-2021

Le webinaire de la FIP avec Jan Saevels (APB) 


Dernière mise à jour le 10/11/2021

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